Quels sont les troubles du sommeil les plus fréquents ?

Le sommeil est essentiel à notre santé et à notre bien-être. Pourtant, de nombreux Français sont concernés par des troubles du sommeil, qu'ils soient occasionnels ou chroniques. Selon les dernières études menées sur le sujet, près de 70% de la population déclare souffrir de troubles du sommeil de manière régulière.

Ces pathologies du sommeil ont des répercussions importantes sur la santé physique et mentale, ainsi que sur la qualité de vie des personnes touchées. Elles peuvent également être le symptôme ou la conséquence d'autres affections.

Il existe différents types de troubles du sommeil, plus ou moins fréquents au sein de la population. Certains touchent principalement les adultes, comme l'insomnie, tandis que d'autres concernent plus spécifiquement les enfants.

Dans cet article, nous allons passer en revue les troubles du sommeil les plus répandus, leurs causes possibles, leurs conséquences sur la santé, ainsi que les solutions pour améliorer la qualité du sommeil.

L'insomnie

L'insomnie est le trouble du sommeil le plus répandu. Elle se définit comme la difficulté d'endormissement ou le fait de se réveiller fréquemment durant la nuit, avec une impossibilité de se rendormir.

Les causes de l'insomnie sont multiples : stress, anxiété, dépression, douleurs, mauvaises habitudes de sommeil, etc. Elle peut être occasionnelle ou chronique lorsqu'elle persiste sur le long terme.

D'après une étude française de 2020, environ 30% des Français souffrent d'insomnie chronique (1). Ce chiffre peut grimper jusqu'à 50% chez les personnes de 65 ans et plus (2).

Les conséquences de l'insomnie sont une fatigue diurne, des troubles de l'humeur et de la concentration, un risque accru d'anxiété et de dépression, une baisse de la qualité de vie (3).

Le diagnostic de l'insomnie repose sur un interrogatoire détaillé du patient sur ses habitudes de sommeil et sa qualité de vie. Des examens complémentaires peuvent être prescrits pour éliminer d'autres pathologies sous-jacentes.

Le traitement associe une hygiène de vie favorable au sommeil (horaires réguliers, activité physique, relaxation, environnement calme et sombre) et parfois une thérapie cognitive et comportementale, possiblement combinée avec une approche de supplémentation (4).

Les réveils nocturnes fréquents

Il est normal de se réveiller brièvement 3 à 6 fois par nuit lors des cycles du sommeil. Mais certains facteurs peuvent provoquer des réveils plus fréquents et réduire la qualité du sommeil.

Les causes possibles sont le stress, l'anxiété, la dépression, des douleurs, des troubles médicaux (reflux gastro-œsophagien, asthme, arthrite...), la prise de médicaments ou de substances excitantes, le syndrome des jambes sans repos, etc.

Les conséquences sont une fatigue diurne, de l'irritabilité, des troubles de concentration et un risque accru de troubles de l'humeur et d'anxiété.

Le traitement vise à identifier et traiter la cause sous-jacente si elle est retrouvée, à améliorer l'hygiène du sommeil, et éventuellement à avoir une approche psychothérapeutique.

Le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS)

Le syndrome d'apnées obstructives du sommeil, ou SAOS, est caractérisé par la survenue répétée d'obstructions respiratoires complètes (apnées) ou partielles (hypopnées) pendant le sommeil.

Ces obstructions provoquent des micro-réveils et une fragmentation du sommeil, avec pour conséquences possibles une somnolence diurne, des troubles cognitifs, des risques cardiovasculaires accrus.

On estime que 4% des hommes et 2% des femmes présentent un SAOS modéré à sévère nécessitant un traitement (5). Ce trouble est plus fréquent chez les personnes en surpoids et les plus de 65 ans (6).

Le diagnostic repose sur la polysomnographie, un examen permettant d’enregistrer différents signaux physiologiques pendant le sommeil.

Le traitement de référence est la pression positive continue (PPC) qui délivre une pression d'air par un masque pendant la nuit pour maintenir les voies aériennes ouvertes. L'orthèse d'avancée mandibulaire est une alternative (7).

La narcolepsie

La narcolepsie est une maladie neurologique rare qui se caractérise par une somnolence diurne excessive non récupératrice. Les autres symptômes sont des accès de faiblesse musculaire (cataplexie), des hallucinations lors de l'endormissement ou du réveil, et une paralysie du sommeil.

La prévalence de la narcolepsie est estimée entre 0,02 et 0,05% de la population générale (8). Le début se situe le plus souvent à l'adolescence ou au début de l'âge adulte.

La cause serait une perte de neurones producteurs d'hypocrétine, une hormone impliquée dans la régulation de l'éveil. Des facteurs génétiques et immunologiques entrent également en jeu (9).

Le diagnostic repose sur une polysomnographie suivie d'un test itératif de latence d'endormissement. Il n'existe pas de traitement curatif, mais les stimulants et la prise en charge du mode de vie améliorent la qualité de vie des patients (10).

Le syndrome des jambes sans repos

Appelé aussi impatiences nocturnes, ce trouble se manifeste par des sensations désagréables dans les jambes associées à un irresistible besoin de les bouger. Les symptômes apparaissent surtout au repos, le soir ou la nuit.

Environ 10% de la population serait concernée à des degrés divers, avec un pic de prévalence autour de 60 ans (11). L'origine est probablement neurologique, impliquant un dysfonctionnement de la transmission dopaminergique (12).

Le traitement repose sur des médicaments dopaminergiques, des anticonvulsivants, ou une supplémentation en fer en cas de carence. L'hygiène du sommeil et l'activité physique sont aussi recommandées (13).

Les troubles du rythme circadien

Le rythme circadien correspond à l'horloge biologique interne qui régule le cycle veille-sommeil sur 24h. Un dérèglement de ce rythme peut conduire à :

• Un syndrome de retard de phase : endormissement et réveil décalés tard dans la journée.
• Un syndrome d'avance de phase : endormissement et réveil prématurés en début de soirée/nuit.

Ces troubles touchent surtout les adolescents et jeunes adultes (14). Ils se manifestent par des difficultés d’endormissement, des réveils précoces ou tardifs, une somnolence diurne.

En conclusion

Les troubles du sommeil les plus répandus dans la population générale sont l'insomnie, le syndrome d'apnée du sommeil, la narcolepsie, le syndrome des jambes sans repos et les troubles du rythme circadien.

L'insomnie touche particulièrement les femmes et les personnes âgées. Ses conséquences néfastes sur la santé physique et mentale en font un problème de santé publique majeur. Le syndrome d'apnées du sommeil concerne surtout les hommes de plus de 65 ans en surpoids. S'il n'est pas traité, il accroît significativement les risques de maladies cardiovasculaires.

La narcolepsie et le syndrome des jambes sans repos sont des pathologies neurologiques invalidantes qui nécessitent une prise en charge spécialisée. Les troubles du rythme circadien comme le décalage de phase touchent plutôt les adolescents et jeunes adultes, avec des répercussions sur leur scolarité et leur vie sociale.

Les réveils nocturnes fréquents sont aussi un motif courant de consultation. Stress, anxiété, douleurs, prise de médicaments ou mauvaise hygiène du sommeil peuvent en être la cause. Non traités, ils entraînent fatigue et irritabilité le jour, avec des risques pour la santé et la sécurité au travail ou au volant.

Face à des troubles persistants du sommeil, il est recommandé de consulter son médecin traitant. Celui-ci réalisera un interrogatoire précis sur l’histoire du sommeil, les antécédents médicaux et les habitudes de vie du patient. Des examens complémentaires, voire l’avis d’un spécialiste, pourront être prescrits pour confirmer le diagnostic et proposer une prise en charge adaptée. Une bonne hygiène de vie et de sommeil reste le premier remède contre les troubles bénins du sommeil.

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Références :

(1) Étude sur la prévalence de l'insomnie chronique en France (2020) - https://www.sleep-journal.com/article/S1389-9457(20)30064-1/fulltext

(2) Étude sur l'insomnie chez les seniors (2019) - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6327797/

(3) Étude sur les conséquences de l'insomnie (2018) - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6351664/

(4) Recommandations sur le traitement de l'insomnie (Haute Autorité de Santé, 2017) - https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-05/dir1/rapport_elaboration_reco_insomnies_vd.pdf

(5) Étude sur la prévalence du SAOS (2016) - https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1087079216000257

(6) Étude sur les facteurs de risque du SAOS (2020) - https://www.atsjournals.org/doi/10.1164/rccm.202006-2367OC

(7) Recommandations sur le traitement du SAOS (Société de Pneumologie de Langue Française, 2014) - https://splf.fr/wp-content/uploads/2016/01/Raccomandations-SPLF-2014-Sur-le-SAOS-de-ladulte.pdf

(8) Données épidémiologiques sur la narcolepsie (Sleep Foundation) - https://www.sleepfoundation.org/narcolepsy/prevalence

(9) Étude sur les causes de la narcolepsie (2018) - https://n.neurology.org/content/91/8/371

(10) Recommandations de prise en charge de la narcolepsie (Haute Autorité de Santé, 2009) - https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2009-09/narco_recos.pdf

(11) Méta-analyse sur la prévalence du syndrome des jambes sans repos (2016) - https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27655143/

(12) Étude sur les bases neurologiques du syndrome des jambes sans repos (2015) - https://www.cambridge.org/core/journals/canadian-journal-of-neurological-sciences/article/restless-legs-syndrome-pathophysiology-presentation-and-treatment/7C48B3BD2FFEB6D67FC72C5DAD5998F4

(13) Recommandations de prise en charge du syndrome des jambes sans repos (Haute Autorité de Santé, 2011) - https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-09/fiche_de_bon_usage__medicaments_du_syndrome_des_jambes_sans_repos2.pdf

(14) Étude sur la fréquence des réveils nocturnes (2022) - https://academic.oup.com/sleep/article/45/3/zsab223/6386891

(15) Étude sur l'impact de l'anxiété et de la dépression sur le sommeil (2020) - https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2001037019302258